mardi 17 juin 2014

Rencontre inattendue

Il nous arrive de partir avec une idée en tête et que le résultat attendu soit tout autre de ce qu’on avait imaginé.
Dernièrement lors d’une soirée, l’idée était de réaliser une composition photographique mettant en perspective le lever de lune. L'instant où celle-ci donne l'impression de décoller, s’envoler telle une bulle géante depuis le sol.
Parcourant un chemin dunaire, j’avais trouvé un point de vue intéressant en escaladant une partie abrupte. Le trépied installé, l’objectif était dirigé vers un paysage mettant en valeur la présence vigoureuse d’une végétation riche en nuances vertes qui poussait courageusement sur un sol recouvert de particules infimes de coquillage.
Tout était prêt, cependant un léger malaise m’envahit en dirigeant le regard plus à gauche. Sortant du sable, des amas de béton avaient été érigés, d’imposants vestiges des horribles événements de la dernière guerre mondiale. Je pensais aux sacrifices des libérateurs qui ont tant contribués à influer sur le court des choses.
Le calme régnait désormais et la lune se cachait derrière un rideau ouateux, signe que la visibilité qui m’avait déjà alertée lors du coucher du soleil allait masquer l’apparition lunaire.
Après la contemplation du lieu vint le temps du retour sur mes pas, pas de déception car d’autres choses m’avaient été offertes et d’ailleurs la plus inattendue allait venir.
Rejoignant la plage, un homme se trouvait face à moi avec dans les mains un instrument typique de l’Ecosse.
« Vous allez nous jouer un petit air ! » lui lançais-je.
Il me regarda d’un air étonné et méfiant. Alors je m’approchais en lui faisant part de mon gout pour l’instrument qu’il s’apprêtait à gonfler pour en faire jaillir des sons aigus, de ces vibrations sonores qui peuvent induire intérieurement des sensations frissonnantes. Il me montra la composition des différents éléments de l’instrument, il cherchait dans la poche d’air les anches qui s’étaient déconnectées des bourdons. Il s’initiait depuis trois ans et rencontrait les difficultés liées au maniement de l’instrument, à la manière de l’accorder avec d’autres.
Peu après, il se mit à jouer un morceau dont j’appréciai la tonalité, puis nous nous séparâmes et prîmes un chemin opposé.
Il se remît à jouer et la plage prît une dimension quelque peu surréaliste avec le son de la cornemuse qui envahissait l’espace. En me retournant je l’aperçu au loin, ses pas foulant le sable fin avec à sa droite les décombres de béton armé.

Et puis au-dessus des dunes, la lune est finalement apparue. Un peu tard pour mon intention photographique toutefois ce fût un enchantement !

      
   

Lumière et couleurs au coucher du soleil
        avant la rencontre inattendue


1 commentaire:

Nicole Giroud a dit…

Un air de cornemuse dans un endroit où soixante-dix ans plus tôt, un peu plus loin, de jeunes Ecossais terrifiés débarquaient, cela résonne comme une collusion des temps.

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