lundi 14 janvier 2013

Les élans du coeur

Te souviens-tu de ces ballades tous les deux, parfois chevauchant une bicyclette, souvent en ne prenant rien si ce n’est simplement le pas.
Des pas qui nous conduisaient sur une route grise et granuleuse menant à une extrémité du village, avec comme limite une barrière rouge zébrée de blanc.  
Sur le côté de celle-ci une vieille bâtisse aux vitres éclatées, transpercées par la lumière, les courants d’air se régalant au travers de murs perdant peu à peu leur couverture imbriquée. 
Autrefois elle reluisait d’une belle inscription, elle fourmillait de vas et viens. Aujourd’hui tout le monde l’a oubliée, même les trains ne prennent plus le temps d’y faire une simple halte, ils poursuivent leur  course effrénée dans le brouhaha métallique…
Sur cette route, au bord du trottoir, une parcelle de gaîté nous attendait. Là on avait épandu à la volée du hasard quelques graines. Leur volonté de prendre racine ajoutée à la chaleur des saisons avaient favorisé leur progression.
Dès lors, devant nous, on pouvait découvrir charriées sous l’effet de la brise, le ballet incessant de longues tiges garnies à leur  bout  de corolles parfumées.
Tu jubilais, heureuse de les cueillir. Elles n’appartenaient à personne, libre à celui qui le souhaitait de prélever quelques javelles de pétales. 
Tes petites mains s’empressaient de les plier, les séparant de leur tige et tu les rassemblais dans ta paume juvénile. Tu aurais certainement voulu en avoir de plus grandes afin d’accueillir des amples bouquets, alors tu me demandais de les tenir à ta place, d’y faire attention, de les répartir dans l’harmonie des tons colorés.

Aujourd’hui, je me rends compte que tu avais touché l’essentiel, celui du geste aimant, offrant  de simples élans du coeur 




Photo prise à Eguisheim en Alsace

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